La COVID et le triathlon: s’entraîner en temps de pandémie
L’année 2020 ne figurera pas dans les « personal best » de grands athlètes : la saison de triathlon &mdash ainsi que celles de la majorité des sports d’endurance &mdash est à l’eau…meilleure chance l’année prochaine! Or, aujourd’hui et demain, qu’est-ce qu’on fait pour entretenir notre motivation à se dépasser? L’entraîneur Bart Rolet de Bart Coaching répond à nos questions.
Après un printemps à garder le cap des entraînements malgré une conciliation travail-famille extrême à travers les écoles et garderies fermées, comment vos athlètes prennent-ils l’annulation des compétitions de toute la saison?
On trouve tous ça difficile, et je n’y fais pas exception, ni comme entraîneur ni comme athlète! Les compétitions, c’est ce qui allume la petite étincelle pour nous dépasser dans nos entraînements, c’est ce qui nous donne les papillons dans l’estomac le matin du départ, c’est ce qui nous fait vivre des moments extraordinaires… c’est difficile de se dire que cela n’arrivera pas cette année!
Cette pause forcée permet toutefois de se questionner sur notre relation avec le sport: si la performance en compétition est notre seule motivation, il y a un problème! Le plaisir devrait être notre moteur principal, qu’on soit du type intense ou pas.
De quelle façon approchez-vous cette saison avec vos athlètes?
J’essaie d’y voir une opportunité en or &mdash et là, bien évidemment que je ne me réjouis pas de la crise sanitaire que l’on vit &mdash, mais on a maintenant le temps de bien faire les choses. On a tendance à l’oublier: une bonne préparation physique pour un athlète se développe sur un horizon long terme! Or, bien souvent, on carbure aux défis, alors on s’inscrit à tel et à tel événement, ce qui implique une préparation spécifique, plus le temps de récupération qui l’accompagne. Si on prévoit par exemple être sur la ligne de départ d’un Ironman au mois d’août, on a intérêt à en faire, du volume! On n’a plus autant de temps pour améliorer son efficacité, pour travailler sa vitesse, etc. Là, c’est le moment!
Concrètement, qu’est-ce qu’on fait comme athlète?
On s’occupe de développer les qualités brutes dont on a besoin pour progresser dans notre sport. La « recette » est propre à chaque athlète, chacun possède des forces et des faiblesses personnelles. Certains voudront travailler spécifiquement leur VMA à la course, d’autres leurs PMA en vélo. Et des chanceux qui sont confinés près d’un lac saisiront l’occasion pour peaufiner leur nage en eau libre! En 2020, on s’améliore, et en 2021, on performe!
On se concentre donc à s’améliorer là où on a le plus besoin. Toujours travailler ses faiblesses, ça peut toutefois être rough sur la motivation, non?
D’une certaine façon, c’est plutôt motivant, parce qu’en s’investissant dans nos points à améliorer, le progrès ne tardera pas. Et il n’y a pas grand-chose de plus encourageant que de ressentir les résultats de nos efforts! Les entraînements sont en outre aussi pensés différemment qu’en pleine saison de triathlon: faire des intervalles sur pistes les jambes fraîches, c’est beaucoup plus agréable que de se trainer le lendemain d’une longue ride de vélo.
Autre chose: Je remarque que plusieurs de mes athlètes profitent de cette saison pour sortir des sentiers battus, par exemple en explorant le gravel bike ou la course en sentier. Ceux-ci développent alors des qualités physiques complémentaires précieuses, en plus d’une agilité qui fait parfois défaut chez ceux qui ne courent ou roulent que sur du bitume.
D’autres façons de garder la motivation au cours de cette « non-saison » ?
Je crois que l’effet de groupe n’a jamais été aussi important. Je vois des athlètes qui ne venaient plus aux entraînements cet hiver revenir cet été…parce que le confinement leur a été trop difficile! Il est maintenant tout à fait possible de s’entrainera avec d’autres personnes tout en respectant les consignes sanitaires. Se joindre à un groupe pour un entrainement, c’est extrêmement motivant…surtout si notre vie sociale n’est pas encore de retour à la normale!
On peut aussi se planifier des « compétitionsinformelles », c’est-à-dire des tests de forme physique, pour lesquels on peut même rallier des amis-athlètes. Telle journée, on court un 5km le plus rapidement possible! Avec le club, on a même organisé des défis de course, de duathlon ou de triathlon, lors desquels chaque athlète devait enregistrer son meilleur temps sur une distance précisée au cours d’un même week-end. Tout le monde a adoré !
Une chose est certaine: l’année 2020, on ne l’oubliera pas de sitôt. On peut choisir de la mettre de côté, ou on peut choisir de la « braver », un jour à la fois. Stay strong, stay safe!